Mohamed Larbi Ben M'hidi (1923-1957) fut l’un des principaux leaders de la lutte pour l’indépendance de l’Algérie et une figure emblématique de la guerre de libération nationale contre le colonialisme français. Son courage, sa vision stratégique et son engagement indéfectible pour la liberté ont fait de lui un symbole de résistance pour l’Algérie.
Jeunesse et formation
Mohamed Larbi Ben M'hidi est né en 1923 dans le village d'El-Ksar, près de Aïn M'lila, dans la région d’Oum El Bouaghi, à l’est de l’Algérie. Issu d’une famille modeste mais profondément attachée à ses traditions et à son identité nationale, il a grandi dans un environnement marqué par les injustices du régime colonial français.
Très tôt, il montre un intérêt pour les études et s’inscrit dans une école française tout en restant enraciné dans sa culture algérienne. Cette double éducation façonne sa conscience politique et son rejet du système colonial oppressif.
Engagement politique et militaire
Son engagement militant débute dans les années 1940 lorsqu'il rejoint le Parti du Peuple Algérien (PPA), dirigé par Messali Hadj. Ce parti, prônant la fin du colonialisme, constitue la base de ce qui deviendra plus tard le Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques (MTLD).
En 1947, Ben M'hidi devient membre de l'Organisation Spéciale (OS), branche clandestine du MTLD, destinée à préparer la lutte armée. Il y reçoit une formation militaire et participe activement à l’organisation des premières cellules révolutionnaires.
Chef révolutionnaire et rôle dans la guerre d’indépendance
Lorsque la Guerre d’Algérie éclate le 1er novembre 1954, Ben M'hidi fait partie des fondateurs du Front de Libération Nationale (FLN), l’organisation responsable de la lutte armée contre l’occupation française. Il devient membre du Comité de coordination et d'exécution (CCE), l’organe dirigeant du FLN, et joue un rôle clé dans la planification et la coordination des opérations militaires.
En tant que responsable de la Zone V (Oranie), il supervise les combats dans l’ouest de l’Algérie avant d’être transféré à Alger où il devient un acteur central de la Bataille d’Alger en 1956-1957. C’est sous sa direction que sont menées des actions de guérilla urbaine et des attentats stratégiques contre les forces françaises.
Un symbole de résistance et d’héroïsme
Mohamed Larbi Ben M'hidi se distingue par sa vision politique et sa détermination. Il incarne l’espoir d’une Algérie libre et indépendante. Sa célèbre déclaration « Jetez la révolution dans la rue, et le peuple s'en emparera » témoigne de sa foi en la mobilisation populaire.
Son charisme et son intelligence tactique en font un redoutable adversaire pour les autorités françaises, qui le considèrent comme l’un des principaux instigateurs de la rébellion.
Arrestation, torture et assassinat
Le 23 février 1957, Ben M'hidi est arrêté par l’armée française lors de la Bataille d’Alger. Il est détenu et torturé par les parachutistes sous les ordres du général Paul Aussaresses, qui était à l'époque l'exécuteur des basses oeuvres du général Massu et au-délà du gouvernement français. Paul Aussaresses, comme le reste de l'armée française dans les colonies, était connu pour ses méthodes brutales dans la répression des mouvements indépendantistes.
Le 4 mars 1957, Mohamed Larbi Ben M'hidi est assassiné dans sa cellule. Bien que l’armée française ait tenté de faire croire à un suicide, il a été révélé plus tard qu’il avait été étranglé sur ordre direct de ses tortionnaires.
Héritage et reconnaissance
Mohamed Larbi Ben M'hidi est aujourd’hui considéré comme un héros national en Algérie. Son courage face à la torture et à la mort continue d’inspirer les générations suivantes.
De nombreuses rues, écoles et institutions portent son nom en Algérie, et il est honoré dans les récits historiques comme l’un des artisans majeurs de l’indépendance acquise le 5 juillet 1962.
En 2001, Paul Aussaresses a publiquement reconnu l’assassinat de Ben M'hidi, suscitant une indignation internationale et relançant le débat sur les crimes de guerre commis par la France en Algérie.
Conclusion
Mohamed Larbi Ben M'hidi reste une figure emblématique de la lutte anti-coloniale. Son combat pour la liberté, son refus de trahir ses idéaux malgré la torture et son sacrifice ultime en font un symbole de dignité et de courage pour l’Algérie et au-delà. Son héritage continue de vivre à travers la mémoire collective d’un peuple libéré.